Prise de parole du 30/11/2013 à Mauléon

Ce message est également disponible en : Basque

Agur denei !

Aujourd’hui nous avons défilé dans les rues de Mauléon parce que nous sommes en colère !

Mais nous avons aussi défilé par ce que nous sommes déterminés à poursuivre notre combat, un combat qui est juste, pour des revendications légitimes et en faveur de l’intérêt général des habitant-e-s du Pays Basque.

Oui nous sommes en colère car la coupe est pleine !

Sur la question de la collectivité territoriale, nous avons travaillé pendant plusieurs mois, société civile et élu-e-s ensemble, jusqu’à produire un projet cohérent et solide. Ce projet a recueilli un large consensus de la part d’une multitude d’acteurs sociaux. Les deux tiers des maires l’ont soutenu. Des milliers de personnes ont manifesté à Bayonne en juin dernier. Ce projet a été amené au ministère par des élu-e-s de toutes tendances politiques. On nous a promis une visite ministérielle au Pays basque pour en discuter.

Et puis, terminé ! Circulez y’a rien à voir !

Le dossier est jeté à la poubelle !

Et quand la ministre finit par venir au Pays basque, le seul argument qu’elle avance, c’est qu’aucune évolution institutionnelle n’est possible pour le Pays basque… parce qu’il n’a pas d’existence institutionnelle ! Pas d’évolution possible tout simplement parce nous n’existons pas !

On nous prend vraiment pour des imbéciles et ce mépris est intolérable !

 

Sur la langue, la promesse du candidat Hollande de ratifier la charte est aujourd’hui officiellement abandonnée même si la ministre ose venir nous dire le contraire.

Quant à la chambre d’agriculture, on atteint des sommets de mauvaise foi en nous proposant de créer une simple annexe qui existe déjà.

 

Mais en plus du mépris, il y a aussi les menaces.

Menace contre des outils dont s’est doté le Pays basque comme l’EPFL, ou des services publics menacés de délocalisation, par absence de pouvoir politique local pour les défendre.

Menace aussi sur le prochain contrat territorial revu à la baisse dans ses financements comme dans les sujets abordés, mais surtout dans son aspect primordial de reconnaissance de la pertinence du territoire Pays basque puisque certains voudraient le voir disparaître au profit de simples contrats avec les EPCI.

Menace imminente aussi sur le périmètre Pays basque avec le redécoupage des cantons qui relève d’une volonté délibérée d’accumuler les obstacles sur le chemin d’une reconnaissance institutionnelle pourtant inévitable.

Menace enfin sur le développement des ikastola, fruit de décennies d’engagement militant exemplaire et reconnues par tous comme indispensable à la revitalisation de la langue basque.

 

Habitant-e-s du Pays basque, nous subissons une véritable discrimination. La loi va créer une collectivité territoriale à statut particulier pour la métropole de Lyon. On consulte les Alsaciens sur l’avenir institutionnel de leur territoire. On établit un calendrier de discussions avec les élu-e-s corses pour réfléchir à une nouvelle étape institutionnelle. On se précipite au chevet de la Bretagne en colère. Tant mieux pour eux !

Mais pour le Pays basque ? Rien, toujours rien ! Non et encore non, par principe, sans aucun argument.

Et bien nous aussi aujourd’hui nous disons non ! Assez de mépris ! Assez d’être traités comme des citoyens de deuxième catégorie simplement parce que nous vivons au Pays Basque !

Nous avons manifesté bruyamment pour alerter l’ensemble de la population et des élu-e-s, pour être entendus, et parce qu’en tant que citoyen-ne-s responsables nous savons, et particulièrement dans ce pays, que le mépris sur le long terme ne produit jamais rien de bon !

 

Mais au delà de la colère, nous avons marché aujourd’hui pour montrer notre détermination, pour montrer que nous ne baisserons pas les bras et que ce combat pour la reconnaissance institutionnelle du Pays basque, la co-officialité de la langue basque, une chambre d’agriculture Pays basque et le développement au Pays basque de l’université va continuer.

Cette manifestation, sans doute la plus massive qu’ait jamais connu la capitale de la Soule, marque le début d’un nouveau cycle.

Les préfets et sous-préfets vont et viennent. Les gouvernements et les ministres passent.

Nous n’avons certes pas encore obtenu satisfaction mais les refus successifs n’ont pas réussi à nous démobiliser. Au contraire, ils nous ont appris la persévérance et l’endurance, ils nous ont forcés à affiner nos arguments pour convaincre toujours plus largement la société du Pays basque.

Et si nous n’avons pas encore gagné, jamais nous n’avons été aussi forts qu’aujourd’hui. Dernière preuve en date : la lettre du Premier ministre Ayrault au président du Conseil des Elus 10 jours avant notre manifestation. Un courrier qui cherche à calmer le jeu, à nous faire renoncer. Oui, notre persévérance dérange !

Jamais il n’a existé un consensus politique aussi large sur nos revendications. Jamais nous n’avions eu entre les mains un projet aussi crédible, aussi étayé, qui répond aux problèmes quotidiens des habitants de ce pays, qui est en phase avec ses besoins concrets autant qu’avec sa soif légitime de reconnaissance.

Nous avons montré au cours des années passées notre capacité à construire tous ensemble des outils, des structures pour répondre aux problématiques du territoire. Les exemples sont nombreux, des ikastola à Laborantxa Ganbara.

Nous avons su inventer ces dernières années des formes de lutte diverses et efficaces et c’est ce que nous continuerons à faire dans les mois qui viennent afin d’ouvrir de nouvelles perspectives à notre combat.

Beaucoup d’entre vous sont venus avec des makila. C’est le symbole de cette lutte de longue haleine, de notre endurance et de notre détermination.

Oui messieurs les Préfet et sous-préfets, oui mesdames et messieurs du gouvernement, la lutte va continuer. Le Pays basque reste mobilisé.

D’ores et déjà nous vous donnons rendez-vous à tous et à toutes le 28 décembre prochain pour soutenir Seaska, la fédération des ikastola.

 

Merci à tous et à toutes.

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